Production, exposition et circulation des objets précieux
du Moyen Âge à nos jours


21 - 23 novembre 2012, Lyon (France)

au petit théâtre des Musées Gadagne
1 place du petit collège, 69005 Lyon

Dossier scientifique

DOSSIER SCIENTIFIQUE

                          Le commerce du luxe – Le luxe du commerce

Production, exposition et circulation des objets précieux du Moyen Âge à nos jours

Le colloque international pluridisciplinaire « Le commerce du luxe – Le luxe du commerce », organisé par le LARHRA (UMR 5190 Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes), se tiendra aux musées Gadagne, 1 place du petit Collège, à Lyon, les mercredi 21, jeudi 22 et vendredi 23 novembre 2012. Tant par le sujet, la date que le lieu choisis, le colloque prendra place, à part entière, dans les manifestations de l’Automne de la soie 2012. Nous voulons exprimer ainsi, de manière visible, l’engagement des historiens de l’Université de Lyon dans la valorisation de l’héritage des industries de la soie, industrie de luxe s’il en est, une des richesses emblématiques de la métropole rhodanienne.

Ces industries ont en effet fortement participé à la structuration de l'espace régional par les flux de capitaux, de matières et d'hommes qu'elles ont générés autour de la métropole lyonnaise dans une vaste zone couvrant totalement ou partiellement les départements de l'actuelle région Rhône-Alpes et même au-delà. Elles ont contribué à l'adaptation progressive des populations aux exigences de l'industrie, à l'accumulation de savoir-faire et au développement de l'esprit d'entreprise. Enfin, le commerce des soieries et celui des soies, dont les horizons ont très tôt dépassé les limites nationales, ont été des facteurs majeurs de l'ouverture de Lyon et de la région Rhône-Alpes aux horizons internationaux.

La dimension internationale du colloque est affirmée tant dans la composition du comité scientifique que dans les interventions (voir le programme du colloque). Les communications prononcées lors de cet événement seront réunies et publiées dans un ouvrage richement illustré.

Les objectifs du colloque se situent à quatre niveaux : scientifique, international, partenarial, sociétal.

1/ Objectif scientifique

Les recherches sur les circulations internationales se sont multipliées depuis une dizaine d’années, qu’il s’agisse d’histoire culturelle, politique, sociale ou économique [1]. D’un point de vue épistémologique, l’intérêt renouvelé pour l’histoire mondiale a relancé le débat sur les variations d’échelle en histoire [2]. Les connections, les interactions entre le global et le local, entre le macro et le micro offrent aux chercheurs un champ d’investigations immense, qui reste largement à défricher tant les jeux d’échelle (temporelle, spatiale) sont multiples. Mais l’histoire connectée touche aussi la manière même de faire de l’histoire, avec l’exigence d’une pluridisciplinarité rénovée, exprimée désormais en termes de contacts, de métissages, de décloisonnements. Comme l’a écrit l’historien de la ville Bernard Lepetit, « l’interdisciplinarité est toujours un projet à reprendre [3] ». Les historiens, en effet, ne cherchent pas forcément à croiser les approches, à sortir de leur spécialité pour ouvrir les perspectives, à prendre des risques peut-être.

C’est la raison pour laquelle le colloque que nous organisons a été conçu d’emblée comme une manifestation ouverte d’un point de vue disciplinaire, spatial et chronologique, mais aussi générationnel : nous avons tenu à faire toute leur place aux jeunes chercheurs, certains d’ailleurs encore aux portes de la carrière académique. La participation de spécialistes de différentes disciplines (histoire, histoire de l’art), espaces (Europe, Asie…) et périodes (de la fin du Moyen Âge à nos jours), autour d’un objet d’étude commun, favorisera une large confrontation de points de vue. Le luxe, en effet, ne ressortit pas seulement aux logiques de l’économie matérielle ; il est également valeur polémique, puissance symbolique, argument politique, dispute littéraire, controverse religieuse… D’hier à aujourd’hui, il continue de susciter la querelle, qu’il s’agisse d’économie ou/et de morale : gaspillage qui freine la croissance ou stimulant à la croissance de la production ?

Objet polysémique et mouvant au fil du temps, le luxe touche à de multiples domaines : les techniques (du travail à la main à la mécanisation, innovations et inventions), les formes d’organisation de la production (de la micro-entreprise aux groupes mondiaux, réseaux et circulations) et du marché (du local à l’international, les dynamiques territoriales), la société et la définition même du luxe, éminemment relative et changeante (variété des produits, du luxe accessible, démocratisé au « vrai » luxe, inabordable, comment des groupes sociaux façonnent-ils leur identité par la consommation ?), mais aussi l’architecture et l’urbanisme (boutique, foire, fabrique, usine, rue, quartier de ville…) : le marché du luxe a contribué à structurer la ville.

Le colloque sera aussi pour nous un moyen d’intensifier le rayonnement de l’histoire économique, en l’ouvrant sur l’histoire culturelle. L’objet « luxe » permet de réfléchir de manière ouverte sur les chantiers actuels de l’histoire économique (mondialisation, régulation des marchés, innovation, relations villes-campagnes, distribution, crédit), et ainsi à faire émerger et/ou à renforcer des thématiques nouvelles.

Enfin, le colloque se veut une participation active à la vitalité du Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes. Il rejoint en effet des thèmes chers au centre de recherche, où se retrouvent historiens et historiens de l’art : une histoire qui met l'accent, dans la longue durée, sur l’étude des relations entre acteurs économiques, territoires et classes sociales, entre art, artistes et société (le marché de l’art), ainsi qu’aux interactions entre les imaginaires individuels et collectifs. Par là même, le colloque permet de rassembler des chercheurs du laboratoire appartenant à des équipes et à des sites différents (voir ci-après la composition des comités scientifique et d’organisation).

2/ Objectif international

Le colloque servira le rayonnement international du Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes et du pôle scientifique (SHS) lyonnais, en faisant participer de nombreux chercheurs étrangers de haut niveau (Royaume-Uni, Italie, Russie…). La manifestation est comprise, en effet, comme un moyen efficace d’approfondir les relations de travail avec les collègues qui œuvrent dans le champ de l’histoire ou/et de l’histoire de l’art dans les pays voisins (notamment l’Italie) et plus lointains (les pays anglo-saxons, l’Europe orientale).

3/ Objectif partenarial

L’organisation du colloque par le LARHRA, avec le soutien de l’ISH et de l’ENS SHS, pôle scientifique régional fort, avec le soutien des musées Gadagne, de la Mairie, des Conseils Régional et Général, et, last but not least, le soutien du groupe LVMH, vise, d’une part, à renforcer l’enracinement de l’histoire économique et de l’histoire de l’art dans la région Rhône-Alpes, disciplines déjà bien présentes sur les sites universitaires de Lyon et Grenoble, et, d’autre part, à consolider les relations entre Université et Ville, entre Université et partenaires économiques.

4/ Objectif sociétal

Le colloque souhaite renouer le fil avec une tradition ancienne de l’histoire économique et sociale, illustrée par les travaux fondateurs de Pierre Léon, Pierre Cayez ou plus tard Maurice Garden et Yves Lequin, qui a contribué à faire la renommée de l’Université de Lyon dans le domaine historique. C’est pourquoi nous avons décidé de faire toute leur place aux enjeux du temps présent en prenant à bras le corps des questions qui sont essentielles à l’intelligence de notre monde : la mondialisation, les formes du marché et du travail, la culture de consommation, le rôle moteur de l’économie urbaine. Ce serait retrouver le lien entre société et économie, cher au grand spécialiste de la cité rhodanienne, l’historien Pierre Léon.

 

 ARGUMENTAIRE

Comment se produisent, s’exposent, se diffusent et se consomment les produits du luxe ? Le but du colloque est de revenir sur la question de la spécialisation progressive d’un commerce voué aux objets précieux qui concourent à l’embellissement de la personne ou du cadre de vie. Il entend être une manifestation largement ouverte d’un point de vue chronologique, spatial et disciplinaire, faisant appel à des spécialistes d’horizons différents.

Cette approche interdisciplinaire du marché du luxe sur la longue durée, de la fin du Moyen Age à nos jours, permettra de confronter les expériences et de mettre en relief les permanences et les mutations. Le luxe a souvent été cantonné aux productions des beaux-arts ; il s’agira ici de montrer la richesse et la diversité de ce qui était (et reste) compris sous cette appellation et d’observer comment se sont progressivement mis en place des marchés spécialisés. Ce colloque développera trois approches spécifiques (voir le programme du colloque, page « Programme ») : la circulation spatiale du luxe (marchands et marchandises), l’économie du luxe (concevoir, produire, vendre), les circulations sociales du luxe (luxe et demi-luxe).


Le colloque a été organisé sous la responsabilité d'Alain Bonnet (Grenoble 2, LARHRA) et de Natacha Coquery (Lyon 2, LARHRA)

Comité scientifique

Marco BELFANTI, université de Brescia (Italie)

Bruno BLONDÉ, université d’Anvers (Belgique)

Philippe BORDES, université Lyon 2

Stéphane CASTELLUCCIO, CNRS, centre André Chastel (Paris)

Adeline COLLANGE, musée des Beaux-Arts, Nantes

Damien COULON, université de Strasbourg

Jean-Claude DAUMAS, université de Franche-Comté

Pascal JULIEN, université de Toulouse

Yannick LEMARCHAND, université de Nantes

Yann LIGNEREUX, université de Nantes

Lesley MILLER, Victoria and Albert Museum, Londres (Royaume-Uni)

France NERLICH, université de Tours

Michael NORTH, université de Greifswald (Allemagne)

Maria-Anne PRIVAT-SAVIGNY, musées Gadagne, Lyon

Nadège SOUGY, université de Neuchâtel (Suisse)

Patrick VERLEY, ex-université de Genève (Suisse)


Comité d’organisation

Alain BONNET, université Grenoble 2

Natacha COQUERY, université Lyon 2

Isabelle GAILLARD, université Grenoble 2

Guillaume GARNER, ENS Lyon

Pierre VERNUS, université Lyon 2



[1].Voir, entre autres, « Histoire globale, histoires connectées : un changement d’échelle historiographique ? », Revue d’histoire moderne et contemporaine, Bulletin de la Société d’histoire moderne et contemporaine, t. 54-4 bis, supplément 2007 ; « Ecrire l’histoire du monde », Le Débat, mars-avril 2009, n°154 ; « Une histoire à l’échelle globale », Annales. Histoire Sciences Sociales, 56-1, 2001.

[2]Bernard Lepetit, « Le temps des villes », Villes, histoire et culture, décembre 1994, n° 1, p. 7-17 ; Jacques Revel (dir.), Jeux d’échelles. La micro-analyse à l’expérience, Paris, Gallimard et le Seuil, 1996.

[3]Bernard Lepetit, Carnet de croquis. Sur la connais­sance historique, Paris, Albin Michel, 1999, p. 304 sqq.

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